Le coup droit en bout de course
Le bout de course est défini par les coups qui sont frappés après une course supérieure à 4 mètres. Des coups qui sont donc assez rares dans le jeu du tennis moderne, réservé plutôt à des situations « extrêmes ». Dans cet article nous nous centrerons sur le côté coup-droit, qui comporte des spécificités biomécaniques essentielles, à prendre en compte pour traiter le thème du bout de course. Prenons un premier exemple concret qui nous servira à voir comment utiliser le coup droit en bout de course : un joueur A en situation d’attaque fait courir un joueur B, qui subit l’échange, incapable d’inverser le rapport de force. À un certain moment, le joueur B, en retard, se retrouve contraint de courir sur plus de 4 mètres pour atteindre la balle côté coup-droit. Nous tenterons ici de répondre à la question suivante : que doit faire le joueur B pour avoir une chance de gagner ce point ? Pour cela, nous nous appuierons sur les 4 facteurs de la performance à savoir : la tactique, la technique, le physique et le mental.
La tactique
En premier lieu, tactiquement, il est essentiel que le joueur ait une intention de zone et de trajectoire sécuritaire. Étant en très mauvaise posture, son coup risque d’être moins précis, il est donc obligatoire qu’il prenne de la marge avec le filet d’abord et les lignes. Et puis son adversaire cherchant à terminer le point par un coup gagnant, a besoin d’angle et d’une balle courte. Le défenseur doit donc absolument jouer dans ce cas avec une grande marge par rapport au filet (minimum 2 mètres), trouver de la longueur (zone des 18 mètres ou mieux) et jouer le plus au centre possible ne pas ouvrir d’angles. En termes d’effets, il est recommandé de jouer lifté pour repousser son adversaire, le contraindre à reculer, et lui rendre le coup plus difficile techniquement à jouer (une balle qui remonte haut est plus complexe à négocier qu’une balle entre les hanches et l’épaule). Mais si son niveau le permet, il peut également produire un coup coupé, avec un rebond très bas et qui fuse, obligeant l’adversaire à jouer une balle très basse et qui accélère au rebond, toujours délicate à négocier. Les coupés sont plus utilisés coté revers de nos jours, mais rien n’empêche d’en faire quelques-uns côtés coup-droit pour varier de temps à autre, notamment en situation extrême comme celle-ci.
La technique
Côté technique, pour mettre de la hauteur et prendre de la marge par rapport au filet, une flexion importante des membres inférieurs paraît essentielle. Côté appuis, deux options. Premièrement, le joueur est en retard mais il a encore le temps d’ajuster ses appuis, et il peut donc se placer en appuis ouvert, plus ou moins larges selon la souplesse du joueur et le temps dont il dispose. Sur terre-battue, ce geste sera à coupler avec une glissade pré-frappe. L’appui ouvert lui permettant de repartir directement se replacer après la frappe en poussant sur la jambe extérieure. Autre option, le joueur est trop en retard et ne compte pas se replacer, il peut jouer son coup « dans la course », continuant ainsi à courir pendant et après la course. Cette option étant un peu celle de la dernière chance.
Il existe une troisième option, intermédiaire, le joueur peut frapper la balle « dans un pas », qui lui permettra ensuite de reprendre appui et de repartir se replacer. Au niveau du haut du corps, une mise à niveau plus prononcée qu’à la normale en fin de préparation permettra également de donner du lift à la balle. L’action du poignet à la frappe et une inclinaison ulnaire pré-frappe marquée paraît également obligatoire pour faire tourner le plus possible la balle. Dans ces situations, une prise trop ouverte ne favorise pas du tout le joueur, une prise extrême type western non plus car elle entraîne un manque de force. Il est donc recommandé d’utiliser une prise semi-fermée à fermée. Enfin, la fin de geste doit être soigné et complète, raquette au-dessus de l’épaule, encore une fois pour donner du volume à la trajectoire, si la raquette termine son trajet trop bas, la marge risque de ne pas être suffisante.
Le physique
D’un point de vue physique, ces coups en bout de course demandent bien sûr de la vitesse pour atteindre la balle. Mais aussi de la coordination au niveau des pieds pour être capable de s’ajuster à la balle. Pour la terre-battue, un travail de pied spécifique devra être effectué pour que le joueur soit capable de glisser sur son appui extérieur et dans le bon timing. Des qualités d’endurance sont requises bien sûr pour pouvoir répéter ces courses tout au long du match, et pendant tout un tournoi. Enfin, un travail de proprioception des chevilles est recommandé pour prévenir des entorses, fréquentes dans ce type de situations, notamment sur terre-battue.
Le mental
Pour finir, les dangers pour le joueur dans cette situation sont de ne pas accepter la situation de défense et donc d’essayer de faire un coup d’attaque, de prendre un risque alors qu’il n’est pas du tout dans une posture qui lui permettrait d’avoir une régularité suffisante. Aussi, pour certains, de ne pas y croire et de tomber trop facilement dans l’option du « coup de la dernière chance », qui leur fait donc tenter un coup extraordinaire alors qu’ils ont beaucoup plus de chances de gagner le point simplement en mettant la balle dans le court.