La tactique en fond de court au tennis
Lorsque vous arrivez sur le terrain avec vos forces, faiblesses et toutes vos croyantes, vous avez déjà défini un plan de jeu très précis. Par exemple, aujourd’hui vous avez choisi de viser l’adversaire sur son revers. Mais voilà, vous découvrez que c’est son coup le plus fort. C’est à ce moment-là que vous devez éviter de douter de votre jeu, mais plutôt être ouvert à toutes les opportunités qui s’offrent à vous. Il s’agit alors de prendre en compte quelques repères à un instant précis.
Principes indispensables à l’analyse
Avez-vous du temps ? Avez-vous toujours du temps après deux frappes ? Si oui, que choisissez-vous de faire ? Si vous êtes loin de votre ligne de fond, alors donnez-vous plus de temps pour revenir dans le combat, au centre du « jeu ».
Êtes-vous en déséquilibre ? Êtes-vous toujours en déséquilibre après trois frappes ? Si oui, que choisissez-vous de faire ?
Où êtes-vous sur le terrain ? Êtes-vous loin de votre ligne de fond de court après 2 frappes ? Les deux pieds dans le terrain ? Revenez toujours à l’endroit où vous êtes le moins en danger, pour tenter de limiter la casse. C’est à dire qu’il faut se replacer sur la bissectrice de l’angle (son milieu), des deux trajectoires maximales de l’adversaire (donc à mi-chemin entre les deux extrêmes que peut faire votre adversaire). C’est le principe de la théorie des angles.
L’objectif est de vous faire réfléchir sur ce que vous produisez sur le terrain et si cela est réaliste par rapport à votre situation (position sur le terrain, équilibre, temps disponible).
Facteurs et principes à prendre en compte simultanément
Bien évidemment, cet aspect situationnel, à un instant précis dépend de plusieurs facteurs :
· De votre forme physique lorsque vous retournez à 5/4 pour vous dans le 3ème set.
· De ce que vous êtes mentalement capable de faire le jour J à 15/40 sur votre service dans le 1er jeu.
· De ce que vous êtes tactiquement (de par votre technique) capable de faire le jour J à 15/40 sur votre service dans le 1er jeu.
· De votre adversaire (son équilibre, s’il a du temps et sa position sur le terrain).
· Des conditions de jeu à savoir la structure (couvert/extérieur, la surface, le temps, les balles etc.
Cas pratique : Principes en symbiose avec les différents facteurs
Premier cas : Vous êtes en difficulté
Vous êtes à 1 mètre de votre ligne de fond de court dans le prolongement du couloir de double côté coup droit pour un droitier (en déséquilibre, vous n’avez pas de temps). Votre adversaire vient de prendre l’avantage, comment vous comportez vous en défense ? Vous avez le choix, la balle n’est pas à 3 mètres de vous… Votre adversaire est juste devant sa ligne de fond, il est prêt à déclencher sa frappe :
1. Respectons la théorie des angles : Vous jouez une balle haute, longue, avec du lift, dans la diagonale, avec une vitesse moyenne.
2. Autres choix :
· Vous jouez fort sur lui, long, quasiment à plat, plein axe, rasante.
· Vous jouez une balle haute, longue, avec du lift, dans le long de ligne, avec une vitesse moyenne.
Si l’on reprend les différents facteurs, partons du principe que vous êtes capables de faire ces trois choix :
· Le premier semble le plus raisonnable car physiquement vous avez besoin de temps.
· Le second parce que vous êtes tactiquement prêt à contrer le joueur et ensuite poursuivre physiquement l’échange en revenant vite.
· Le troisième parce que votre adversaire (droitier) est beaucoup moins performant côté revers, même si vous êtes exposé, vous avez une chance de revenir et d’inverser votre déséquilibre.
Important : Il n’y a pas de vérité mais de cohérence dans le choix fait entre vous et votre adversaire.
Deuxième cas : Vous respirez, vous n’êtes plus dans le décor
Vous êtes juste derrière votre ligne, vous luttez dans la diagonale revers pour ensuite prendre le contrôle du point. Vous êtes désormais en équilibre, le temps n’est pas plus un souci (même s’il faut être vigilant, par exemple si votre adversaire décide de jouer le long de la ligne) et vous être proche du milieu de terrain. Vous et votre adversaire êtes droitier ou gaucher. Votre adversaire se trouve dans la même situation que vous.
1. Respectons la théorie des angles :
· En revers, vous jouez une balle passant à environ 1/1m50 du filet, longue, avec du lift, dans la diagonale, avec une vitesse moyenne/rapide.
· Toujours en revers, vous jouez avec un revers shopé, passant proche du filet, dans la diagonale, avec une vitesse lente/moyenne.
· En coup droit de décalage, vous jouez une balle passant à 1/1m50 du filet, assez longue, dans la diagonale, avec une vitesse moyenne/rapide.
2. Autres choix :
· Coté revers, vous décidez de jouer une balle assez haute, longue, avec du lift, le long de la ligne, avec une vitesse relativement rapide.
· Coté coup droit, vous décidez de vous décalez pour jouer une balle passant à 1/1m50 du filet, assez longue, avec du lift, le long de ligne, avec une vitesse moyenne/rapide.
Si l’on reprend les différents facteurs, partons du principe que vous êtes capables de faire ces trois choix :
· Les premiers car vous avez détecté une défaillance côté revers de votre adversaire.
· Le quatrième pour déplacer votre adversaire (physiquement, c’est difficile pour lui), changer de rythme (vous êtes en train de vous endormir et non de construire le jeu), toucher son coup droit (son point faible), vous permettre d’user de votre coup droit par la suite (car c’est votre point fort) etc
· Le cinquième pour déplacer votre adversaire (physiquement, c’est difficile pour lui), changer de rythme (remettre de l’énergie), toucher son coup droit (son point faible), utiliser de votre coup droit (car c’est votre point fort) etc
Important : Il faut déceler la cohérence dans votre choix, en foncion de votre intention de jeu sur le coup suivant ainsi que sur toute la suite prévue.
Troisième cas : vous êtes en pleine possession de vos moyens
Vous êtes dans une situation favorable, en parfait équilibre, vous rentrez dans le court. Le temps est avec vous et Ccest à vous de prendre du temps à votre adversaire. Ce dernier est en difficulté, en déséquilibre, en manque de temps et viens de rejouer centre/côté coup droit alors qu’il est derrière le couloir à votre gauche.
- Respectons la théorie des angles :
· En coup droit, vous jouez une balle passant proche du filet, mi- courte/longue, légèrement lifté, le long de la ligne, avec une vitesse rapide.
· En coup droit, vous jouez une amortie, passant juste derrière le filet, le long de la ligne, à plat, vitesse lente.
2. Autres choix :
· Coté coup droit, vous jouez dans le contre-pied, une balle assez proche du filet, mi- courte/longue, légèrement lifté, en diagonale, avec une vitesse relativement rapide.
· Coté coup droit, vous jouez dans le contre-pied, en coup droit, vous décidez de jouer une amortie, passant juste derrière le filet, le long de la ligne, à plat, vitesse lente.
Si l’on reprend les différents facteurs, partons du principe que vous êtes capables de faire ces trois choix :
· Le deuxième car votre adversaire n’est pas rapide dans ses déplacements, même dans sa course (sans changement de direction), il sera difficile pour lui de la toucher.
· Le troisième car il ne se replace pas très bien, trop en centre, sans frein pour repartir du même côté.
Important : A l’instar de faire jouer votre adversaire dans une seule zone de déplacements, faites-le venir vers l’avant, sur les côtés, vers l’arrière, dans le contre-pied, pour entrainer un déséquilibre, lui retirer du temps pour ensuite exploiter différentes situations et changer de positions sur le terrain.
En conclusion, votre position sur le terrain, le temps que vous avez et votre situation d’équilibre ne sont pas anodines. Adaptez-vous sur chaque balle et chaque point ! Soyez cohérent avec vos possibles et ce que vous propose l’adversaire (ses forces et faiblesses) aux différents moments du match, lors des diverses situations que vous allez rencontrer. Et surtout, gardez en mémoire qu’il est nécessaire de concocter et de négocier avec votre adversaire à tous les instants, avec chaque balle, chaque point, chaque jeu, chaque set et évidemment chaque match.