La position « armée » au service
La position « armée » au service constitue un instant très important du mouvement global du service. Suivant la qualité technique développée à cet instant, les conditions d’efficacité de la frappe et du coup vont s’en trouver très variablement influencées dans un plus ou moins bon sens. Nous détaillerons ci-dessous les éléments principaux permettant de donner au service une base performante. Cela ne reste néanmoins qu’une base. Car les aspects perceptifs influençant notamment la qualité du timing et la mise en action des différentes forces et actions musculaires appartiennent au savoir, à l’entraînement et à l’expertise individuelle de chaque joueur. Bien servir ne se limite donc pas à avoir une bonne position armée. Cette position est très spécifique et dispose de caractéristiques du coup le plus complexe sur le plan biomécanique au tennis.
Les éléments à prendre en compte sont :
· La position du bras de lancer (gauche dans le cas d’analyses d’un droitier, droit dans le cas d’analyse d’un gaucher).
· La position de la tête
· La position du coude
· L’alignement des épaules et des hanches
· La position de l’avant-bras et de la raquette
· Le déclenchement de la flexion
· Le relais d’appuis
Un bras gauche tendu et incliné vers l’avant
Afin de guider la balle vers l’avant et l’intérieur du court, le bras gauche doit être tendu jusqu’au bout des doigts. Son action doit permettre d’obtenir une hauteur adéquate. Il doit également être incliné vers l’avant afin de donner suffisamment de profondeur au lancer. Ceci va permettre de mettre le joueur en position d’impact avec son poids du corps en transférant également la puissance engendrée par l’extension et la poussée des jambes.
La tête regarde le futur point d’impact
Lorsque le bras monte pour déposer la balle à la bonne hauteur et dans la bonne direction, la tête vient s’incliner vers l’arrière. Permettant aux yeux de fixer le futur impact. Cette position de la tête sera maintenue jusqu’au moment où, en fin de geste, l’épaule pivotant vers l’avant pour accompagner la balle vers la cible choisie, elle redescendra pour regarder vers l’avant. Le joueur se préparant ainsi à prendre les informations du retour adverse.
Une position du coude droit en alignement avec la ligne d’épaules
Du fait de la montée du bras gauche tendu vers le haut et l’avant, les épaules s’inclinent naturellement (Angle environ 40-45°/sol). Le coude doit alors venir se positionner à une hauteur permettant son alignement avec les épaules. Le coude peut légèrement être tiré en arrière afin d’ouvrir le pectoral droit davantage. Cela aura pour apport d’augmenter son retour pliométrique, et d’impulser une vitesse plus importante dans le déclenchement et donc d’optimiser la phase d’accélération de la frappe.
L’alignement des épaules et des hanches
Au-delà de l’alignement du coude avec les épaules, nous observons également que la ligne des hanches (Bassin) est également alignée avec les épaules. Il se peut, selon la souplesse articulaire du joueur, que les épaules aillent chercher encore plus de rotation en rapport de la ligne des hanches. Cette dissociation supplémentaire va permettre de gagner en puissance en augmentant la prise d’élan du couple bras/raquette.
Une position verticale de l’avant-bras et de la raquette
En préparation de réaliser la boucle dans le dos, action qui on le sait permet d’accroître la dynamique d’accélération (prise d’élan), la raquette doit descendre de toute sa hauteur et de tout son poids. La position à l’amorce de cette boucle constitue la fin de l’armée, et doit donc positionner à la verticale l’avant-bras et donc la raquette qui se trouve dans son prolongement afin d’optimiser cet effet de pesanteur. La raquette peut être légèrement inclinée vers l’avant.
Le déclenchement de la flexion des jambes
A l’armée, la flexion des jambes vient juste de se déclencher. Cette flexion permet d’incliner tout le corps vers l’avant. Ainsi, au moment où la frappe se déclenchera tout le corps sera propulsé par les jambes. Il viendra alors s’engager vers le haut et vers l’avant, permettant à la raquette d’impacter la balle en avant avec toute sa vitesse, et l’accompagnera simultanément de son poids, de son inertie générée par l’extension des jambes.
Le relais d’appuis
Pour faciliter la flexion, l’appui arrière se rapproche de celui de devant afin de le relayer dans l’effort de flexion. Selon les joueurs, il supporte plus ou moins le poids du corps dans la double action flexion/extension.
Pour conclure, après le descriptif détaillé des différents éléments à réaliser lors de cette position « armée ». Nous pouvons assurément soulever que cette position demande de nombreuses coordinations intersegmentaires complexes. Etre capable de réaliser une partie ou l’ensemble de ces éléments ne peut s’acquérir qu’à travers des années de pratique. Atteindre un tel niveau d’expertise sur cet instant du service devrait permettre une fin de geste efficace. Cependant, lors de cet autre instant du mouvement, bien d’autres difficultés et contraintes techniques pourraient venir infléchir le résultat final. La position armée ne constitue qu’une pièce du puzzle.